Ma prison de mots

Parfois je me sens comme dans une prison de mots, des mots étrangers, des mots qui encerclent, oppressent, se multiplient, se diversifient, se répètent, forment des phrases, échappent à mon esprit, le harcèlent, ne le laissent pas en paix, le font bouillir et donnent envie à ma bouche de crier, crier pour crier, pour soulager, lacher la pression, évacuer un trop plein, me libérer de ma prison de mots, des mots qui reviennent, m'entourent, se moquent, se jètent sur moi, me bousculent, me chahutent, m'enferment, m'affaiblissent et me voient me débattre en vain, donner des coups dans l'air, courir sur place, m'épuiser et laisser couler des larmes, des maux allemands, les maux de ma prison de mots allemands.

C'ést un peu comme ca parfois, c'était comme ca ce matin... pffff a fait la cocotte minute. Je me suis demandé ce que je foutais là en Allemagne, loin des mots que j'aime (au-delà des miens). C'est le goût de l'Europe, un des goûts en tout cas, c'est un des défis que me lance l'amour qui m'a amené ici, c'est ce boulot qui me voit traduire de gauche à droite et de droite à gauche, francais-allemand, allemand-francais, francand-allemais, je trébuche et me relève, la langue un peu emmêlée, le cerveau égaré... c'est ca aussi le poids des mots... pffff fait la cocotte minute. Ca m'a bien pété les couilles, c'est pas joli, mais ca fait tellement du bien de le dire ! J'espère quand même ne pas perdre mon francais !

Et pour conclure d'ajouter : "Trotz alledem ist das einfach so und ich muss weiter kämpfen, eines Tages werde ich frei sein und einen fast echten Deutschen werden." en allemand dans le texte et on s'en fout de ce que ca peut bien vouloir dire, je vais aller me trouver un bouquin, en francais, et me goinfrer de mots bien de chez moi, comme un bon confit de canard qui ferait oublier un instant les saucisses et autres charcuteries, un instant où comme par magie je sortirais de ma prison et rentrerais chez moi.




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